Restitution de l’atelier d’écriture du 13 octobre mené par Isabelle Loisy

L’Arrogance

Pour trouver l’Arrogance, ce n’est pas compliqué :

Il vous suffit de prendre le plan de la plus grande ville du plus riche pays et vous cherchez la zone ou n’y à rien autour. L’Arrogance aime être seule et avoir le plus grand jardin.

Pour la rencontrer, pas nécessaire de prendre un bus. Seuls les avions et les hélicoptères peuvent se rendre chez elle.

Aller à l’aéroport !

Une fois devant sa grille, immense et opaque, sonner.

Une seule fois suffit pour qu’elle vienne.

Vous verrez alors quelques doigts anguleux passer par l’entrebâillement. Ils vous feront signe d’entrer.

L’Arrogance parle peu. Ses gestes suffisent pense t’elle.

Perchée sur ses bottines, sèche et raide, elle vous toise, vous observe mais vous ne comptez que peu pour elle. Les bras croisés, elle vous surplombe et vous parle enfin :

Que voulez-vous !?

Rien, je voulais juste voir votre jardin …

HUGO

I) Ces cinq dernières années, j’ai commencé par apprendre à me détruire. Comme j’ai rapidement compris qu’il fallait éviter de le faire, j’ai ensuite appris à me soigner, puis à soigner les autres, à les supporter aussi et surtout à les aimer.

BRUNO

Comment rater l’éducation de son chat ?

Ingrédients: un gros chat noir et blanc un peu effronté, un paquet de croquettes, un seau et une serpillère

1- Découvrez sur le sol de la salle de bain une bonne rasade d’urine de chat, réservez…

2- Jouez à cache-cache un peu partout dans la maison pour retrouver le gros matou, le saisir fermement par la peau du cou

3- Faites le mariner en le regardant d’un air méchant

4- Attention, cette partie de la recette est très importante pour bien rater l’éducation de son chat : ne surtout pas le punir, ne pas lui coller le museau dans le fumet délicat de son urine. Non, laissez le plutôt vous attendrir…

5- Versez alors rapidement 100 à 150 grammes de croquettes dans sa gamelle en vous excusant d’avoir été aussi méchant avec lui. Ajoutez deux à trois caresses.

6- Munissez vous du seau et de la serpillère pour nettoyer.

7- Répétez l’opération durant quelques jours.

8- Bravo, vous avez totalement raté l’éducation de votre chat !

Bruno

Chère résilience, j’en ai mis du temps à te connaitre. Peut-être étais-tu déjà là lorsque, enfant, je n’avais encore connu aucune épreuve de vie ? Quoi qu’il en soit, je vous ai découverts sur le tard, toi et ton compagnon Lâcher-prise mais vous me soutenez depuis quelques années maintenant. Ensemble, vous m’avez même permis de me dépasser. Pour cela, je vous dis « merci ».

J’étais tranquillement installé à la table du café lorsqu’elle est arrivée, juchée sur ses talons hauts. Bruyamment, comme à son habitude. C’est qu’elle ne peut tout de même pas passer inaperçue, Vanité. Aujourd’hui, elle me snobe. Pourtant, nous nous connaissons bien. Nous avons même été de très bons amis par le passé. Elle est amie avec tellement de monde… Jusqu’à ce qu’on se rende compte du grand vide qu’il y a en elle. Pourtant je la salue quand même. Pourquoi ? J’aimerais lui parler, qu’elle comprenne à quel point elle n’est qu’une petite poussière à l’échelle de l’univers, une furtive étincelle dans l’histoire de la vie. A moins que je ne sois tout simplement retombé sous son charme ? Allez savoir…

Bruno

Recette pour rater son conseil d’école
Rassemblez les bons ingrédients :
• Des enseignants épuisés
• Des élus réfractaires
• Des parents agressifs
Mettez les ingrédients à température ambiante, dans une salle surchauffée ou glaciale (selon la saison).
Épluchez soigneusement, morceau par morceau, les dernières directives ministérielles, puis réservez.
Jetez de l’huile sur le feu, portez à ébullition, puis ajoutez votre grain de sel. Attention : ne prenez surtout pas de pincettes pour saisir les égos !
Attendez longuement le silence jusqu’à ce que ça tourne au vinaigre, puis ajoutez à la louche quelques affects dégoulinants que vous mélangerez vigoureusement avec une dizaine de jugements hâtifs.
Pour finir, crachez dans la soupe, servez avec quelques réflexions salées : ce sera gratiné !

Anne Mauchamp

Personnaliser :
La procrastination
Elle est languide, vautrée dans la pénombre sur son canapé de courtisane. Elle porte des caftans asiatiques et un peignoir de soie. Elle fume avec un long fume-cigarette d’ivoire l’opium sulfureux des jours qui passent. Son parfum vénéneux te séduit, t’enveloppe et te colle à la peau, il t’accompagne et te suit tout le temps. Elle ne fait rien, et pourtant, elle est partout. Elle t’attend, comme une araignée, pour t’engluer dans sa toile, et te susurre son chant de sirène qui te paralyse. Elle ne craint rien, ni les résolutions de jour de l’an, ni les décisions irrévocables juré-craché. Mais fais un pas, puis un autre encore, vers l’avant, pour ouvrir la fenêtre, les yeux baissés pour ne plus être en sidération, et la voilà qui s’évapore en poussière de tissu …

Anne Mauchamp

Pendant les 5 dernières années :
• J’ai aménagé 100 coins de jardin pour mes yeux, les fleurs et les hérissons
• J’ai pris le temps de prendre mon temps et le temps du coup ne me prend plus tant de temps
• Je n’aime toujours ni le repassage ni le ménage
• J’ai cuisiné des heures pour mes amis et j’adore ça
• Je n’ai pas rangé mon bureau plus de 3 ou 4 fois
• Je me suis inscrite sur Facebook la première fois pour acheter des plants de légumes
• J’ai compris que le non-essentiel l’était pour moi
• J’ai vu Yves Jamait en concert pour la dixième fois

Anne Mauchamp

Personnaliser

L’égoïsme se dresse debout, sur ses jambes maigres et nerveuses, supportant un corps gras et lourd. Son regard est pointé sur son nombril, ça va de soi ! Sa langue est toujours sortie, prête à se lécher, se pourlécher et ses bras longs et tortueux caressent sans cesse une barbichette parsemée et grise.

Il n’est ni triste, ni gai. Il est là, juste là, à prendre tout l’espace, les ténèbres s’engouffrant dans sa bouche entre deux flux incessants de paroles mesquines et suffisantes.

Il est indifférent à l’odeur de l’eau du ruisseau s’écoulant entre les brindilles, aux éclats d’un scintillement de mica sur le bord de la route, au velours de la mousse au pied d’un épicéa.

Mais le monde continue sans lui, la rosée se dépose chaque matin sans attendre son autorisation, les filles rient autour d’un verre de bière embué sans l’inviter à leur table et le monde tourne autour de son axe sans sa permission.

Anne Mallet

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